À vous les randonneurs,
Il nous faut être résistantes, persévérantes dans cette plaine de Beauce, nous qui faisions la renommée des chasses de ce grand territoire. Notre population a presque disparu, nous sommes les descendantes !
C’est un tour de force de survivre depuis une trentaine d’années. Deux obstacles à ce jour sont à surmonter !
L’un : les paysans d’aujourd’hui par leurs travaux ultra-rapides, leurs parcelles agrandies, leurs assolements à cycle court, font que nos conditions de vie sont fortement bouleversées. Endroits instables pour nicher, nourritures insectivores en forte récession, cultures disparues, là sont les handicaps de terrain à franchir !
L’autre obstacle provient des prédateurs plus nombreux et protégés par la législation.
Là où le paysan chasseur régulait les populations de renards, de busards, maintenant il n’en a plus le droit, eh bien c’est nous les populations de perdrix qui en faisons les frais !
Malgré les efforts de protection à notre égard, si nous ne disparaissons pas totalement, il nous faudra des années pour connaître ce que nos prédécesseurs ont vécu et connu !
Ainsi dans cette région de Beauce, les « volées » de perdreaux y étaient nombreuses avant les années 70-75. Le regroupement parcellaire était peu pratiqué, les assolements plus diversifiés, d’où plus de facilité pour la nidification, une nourriture d’insectes plus abondante pour les petits, un émaillage de bosquets dense pour se protéger, tous ces éléments favorisaient les reproductions. Un revers à cela, en saison de chasse nous fournissions le gibier aux marchands de volaille.
Petite anecdote : dans le secteur d’Artenay-Chevilly sur la propriété du château d’Auvilliers et celles alentour nos prédécesseurs faisaient « l’enchantement » des chasseurs de haute renommée tels le roi d’Espagne, des ambassadeurs et autres. Les tableaux de chasse aux perdreaux étaient impressionnants !
Malgré ces hécatombes, les pouvoirs de reproduction étaient tels que notre population demeurait stable d’année en année !
Aujourd’hui malgré notre petit nombre, en comptant sur l’attention de ceux qui nous protègent, nous espérons un avenir plus fécond et redonner du plaisir aux paysans chasseurs de ce territoire.
La perdrix grise