Lettre 042 : Du pain aux habitants de Loire Beauce (et aux autres)

Je suis le pain quotidien de l’homme. Je suis la base même de l’alimentation humaine de l’Europe.

Depuis des années, je suis servi à table. Je régale la famille et surtout les enfants. Le matin, on me tartine de beurre pour le petit-déjeuner.
Dans les années 1800, j’étais une boule bien ronde. Dans certaines exploitations agricoles retirées, on me cuisait à la ferme dans un four en briques. Quelle odeur plaisante et quel bonheur à ma sortie du four !
Pendant les guerres de 14-18 et 39-45, la rareté s’est fait ressentir dans les villes, et il fallait des tickets pour m’acheter. Le pain était avant tout destiné aux soldats sur le front.
Puis, au cours de l’évolution de la vie, je me suis allongé, devenant ainsi le pain de quatre livres dans les campagnes.
La consommation des ménages a bien changé et, pour la majorité, ils m’achètent chez un artisan-boulanger. Ses méthodes ont considérablement évolué et l’on me trouve à présent sous toutes sortes d’aspects (pain complet, pain sans gluten, pain fantaisie, etc.). Mais je reste toujours un aliment apprécié des Français, même si certains médecins me critiquent et disent que je fais grossir.

Si les rendements en blé étaient de 20 quintaux à l’hectare en 1900, ils ont évolué grâce aux progrès techniques et variétaux. La population mondiale va augmenter d’un tiers dans les prochaines années, alors que les surfaces agricoles continuent de régresser de 1000 ha/l’an en raison d’une artificialisation des terrains pour l’urbanisation et l’industrialisation.
Il faut donc que les rendements en blé augmentent par des techniques variétales nouvelles pour pouvoir nourrir le monde.
En France, les hommes politiques souhaitent une agriculture BIO. Celle-ci occupe actuellement 10 % du territoire avec des rendements comme en 1900. Cette agriculture-là ne pourra jamais nourrir la planète !! Peut-on accepter qu’une partie de la planète mange à sa faim alors que l’autre sera sous-alimentée ?

Moi, le pain quotidien, je suis désolé de voir une agriculture en crise et des paysans qui ne peuvent pas vivre décemment de leur métier !
L’agriculture saura-t-elle rebondir, alors qu’elle se trouve sous le feu des critiques de journalistes mal informés et qui ne maîtrisent pas le sujet ?

Moi, LE PAIN, j’espère et souhaite être l’aliment de la réconciliation entre les hommes.
Le pain