Lettre 071 : Du dernier cheval aux habitants

Vous souvenez-vous de moi lorsque je participais encore à la vie quotidienne d’un des paysans du village ??
Après les bœufs et avant la motorisation, je faisais, en quelque sorte, partie du paysage…
Je m’appelais « Bijou » ; d’autres chevaux, ici, dans le village, avaient, eux aussi comme moi, de jolis noms  comme « Ponette », « Mignon », « Coquet »…
Puissant et fougueux, j’étais indispensable à la ferme pour effectuer tous les travaux des champs.
Une grande complicité me liait à mon maître.
A ma mort, comme les autres chevaux disparus avant moi, je ne fus pas remplacé ou du moins, pas par un membre de ma famille ; c’est le tracteur qui est venu faire mon travail.
De là où je suis, j’ai entendu : «  La page est tournée, le temps des chevaux est révolu ! ».
A cet instant, je me suis dit qu’il n’était pas possible que s’éteigne définitivement la lignée des « percherons » à laquelle j’appartenais.
Mon optimisme a eu raison…
Depuis quelques années, je vois quelques congénères revenir dans les villages : certains comme moi, travaillent dans les champs dans les fermes de petite taille pratiquant l’agriculture biologique ; d’autres emmènent les enfants à l’école ou ramassent les poubelles ménagères…
Super ! Le temps des chevaux n’est pas révolu !!

Bijou, le dernier (peut-être pas ??) cheval du village