Lettre 144 : De Brice au pays, à la Beauce

  • Canton : Meung sur Loire
  • Commune : Chaingy

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Mon pays, ma Beauce,

Du plus loin qu’il m’en souvienne, il y a le petit train des betteraves, des bleuets et des blés.
J’ai arpenté ton sol de Prenay à Landreville ou Lignerolles, ramassé des fragments de poterie des villas romaines ou les grattoirs de nos ancêtres.
J’ai toujours admiré ta robe changeante, les labours apaisés aux blés, orges et maïs, mais aussi ton relief pour qui ne t’a jamais parcourue en vélo !
J’ai même bu de ton vin, fait naître des veaux et trait tes vaches quand elles avaient encore leur raison d’être.
J’ai vu le maïs et ses cribs t’envahir, mais aussi les lentilles.
J’ai humé ton haleine vivifiante après une pluie d’été à la recherche des escargots.
J’ai observé la rare et discrète canepetière, comme j’ai poursuivi le jour durant la même compagnie de perdreaux.
Bien sûr, j’ai vu le soleil se coucher sur les nappes alfatières d’Algérie ou sur les sommets doux des Laurentides, j’ai mangé les huîtres de Bouzigues et bu le Chanturgue.
Mais je suis revenu, comme je le faisais quand, étudiant, avant la reprise des cours, les pommes de terre rentrées, pour assister au coucher du soleil sur tes courbes molles, pour me rassasier de beauté, chaleur et courage.
Je suis revenu aussi près de la Loire, comme pendant ces journées de moisson qui commençaient par une friture de goujons à la vieille drague de Tavers.
Je suis revenu apaisé avec ma famille, près de la Loire, mais à ta porte, le jardin ouvert sur ton coucher de soleil et des ondoiements riches de promesse.

Brice