Lettre 329 : De la corniche et du puits à un inconnu

  • Canton : Meung sur Loire
  • Commune : Chaingy

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Cher…, non… Ô toi dans ton camion qui ne m’as même pas vue et qui m’as écornée, tu te prends pour qui ?

– Eh, Corniche, arrête de t’énerver, il y a longtemps qu’il est parti, le camion-poubelle, il faisait nuit, il ne t’a pas vue…
– On m’a dit que je pouvais écrire, alors, je m’exprime ! Et de toute ma hauteur !
Nous n’avons forcément pas la même vision des choses, toi en bas et moi ici, le puits !
– Oui, moi, le puits… Et alors, j’étais aux premières loges quand les gars des eaux ont fait exploser les tuyaux dans la maison d’en face !
– Dégâts des eaux… !
– …  Oui, sur la fausse « ancienne poste ».
– Oui, et tu étais aussi mieux placé que moi, en bas, pour voir la ruche d’abeilles sauvages qui s’est installée un mercredi midi en une nuée sur la fenêtre de la maison à côté de la vraie « ancienne poste ».
– Oh oui ! C’était l’attraction de la journée avec l’ancien vendeur de miel qui est venu sauver la ruche…
– Mais tu vois, j’aimerais être à l’autre bout de la venelle pour voir la vieille maison abandonnée et tous les chats qui s’y promènent.
– Oh ! Pas moi, c’est plein de courants d’air là-bas.
– Oh, tu sais, ici, dans le coin, il paraît qu’on peut se choper un rhume de pignon…
– Oh ben, toi, ton pignon, il est bien écorné, alors… !
– Ah oui, au fait, ô toi, dans ton camion…
– Eh, dis-donc, moi je vais écrire une lettre aux habitants, ou plutôt aux habitantes de cette venelle. Parce que finalement, il s’en passe des choses ici, mais on oublie.
Mais toi, tu la vois, la nouvelle poste, de là-haut ?
– Oh oui, surtout en hiver, parce que l’été avec les tilleuls sur la place, je ne vois plus que le clocher… et encore !
– Mais tu vois le marché aussi, ça c’est sympa !
– Eh oui, et je vois le puits aussi sur la place du marché.
– Oh, celui-là, ne m’en parle pas, il fait son fier parce qu’il voit du monde. C’est le seul qui a des fleurs, le seul qui est décoré à Noël ; il ne se prend pas pour n’importe qui !
Ce n’est qu’un puits après tout, comme moi, quoi !
– Bon, écoute, tu ne vas pas recommencer, laisse-moi finir mon courrier pour le chauffard qui m’a abîmée.
Ô toi, chauffard, j’ai deux mots à te dire… !

La corniche de la venelle,… et le puits !