Chers voyageurs,
Moi, le « Relais de Beauce », je suis un petit café, seul rescapé, dans un village où il y en a eu jusqu’à trois ou quatre : bar-tabac, café – bar, épicerie, café -boulangerie ou dépôt de pains .
Mes murs se souviennent et parlent entre eux. Ça sentait le vin chaud, le marc, le tabac, la sueur du travailleur de force, les crottes de cheval, la bouse de vache, la sciure de bois que l’on utilisait pour nettoyer le sol …
Le comptoir, les tables, étaient tachées par des auréoles de couleurs différentes.
Mes murs blanchis à la chaux étaient jaunis .
On discutait le prix des récoltes, leur qualité, mais on se gardait de livrer un petit secret sur un rendement meilleur ; on se méfiait les uns des autres.
On parlait des enfants, de son aîné qui reprendrait l’exploitation .
Et puis, quand un plus vieux s’en allait, on venait chez moi parler de lui, sans tristesse, sans haine. On se rappelait seulement des bons moments qu’on avait passés avec lui.
Le relai de Beauce