Lettre 063 : De la betterave à vous

Tous les jours, vous plongez un carré de sucre dans votre café ou votre thé, pour obtenir la douceur souhaitée, sans vraiment vous demander d’où il provient…
Ma graine est toute petite et bien ronde, puisqu’elle est enrobée pour faciliter mon semis prévu dès le mois de mars. Je retiens toute l’attention de l’agriculteur, qui apporte beaucoup de soins pour me protéger (des parasites souterrains, des herbes concurrentes, et de multiples maladies), pour me nourrir et m’abreuver, afin que j’accumule le maximum de sucre dans ma racine. Un printemps doux, un été sans excès et un automne plein de soleil me sont favorables.
De mi-septembre à mi-novembre, vient le temps de me récolter… effeuillage, arrachage, chargement et transport jusqu’au bout du champ accessible aux camions, qui, à leur tour, après plus ou moins d’attente, viendront me chercher avec mes copines, pour m’emmener vers la sucrerie d’Artenay. Environ 11 millions de frangines sont nécessaires, quotidiennement, au bon fonctionnement de cette usine.
Après un lavage, un râpage, une cuisson, vient le moment où je cristallise en sucre, moi, betterave de 1 kilogramme, je deviens 180 g de sucre, 500 g de pulpe. Le reste, principalement de l’eau, permettra de nettoyer mes congénères, puis d’irriguer mes petites sœurs l’année suivante…
Donc, sur un hectare, 15 360 kilogrammes de sucre sont produits, soit 2 580 480 morceaux et 3 500 kilogrammes de pulpe sèche pour nourrir les animaux…
Mon travail entraîne des désagréments : odeur parfois désagréable ou trafic routier vers la sucrerie, mais tout l’été, je suis une véritable usine à transformer le CO2 (gaz carbonique) en O2 (oxygène). Je suis aussi un abri fort apprécié d’une grande partie de la faune sauvage beauceronne. Je permets aussi à 200 personnes de travailler sur le site d’Artenay, activité également importante pour les 672 coopérateurs, planteurs de betteraves et 250 entreprises prestataires participant à cette vie.
Alors, vous avez compris… j’ai besoin que l’on me regarde avec tendresse… (mais si, mais si, c’est possible !).
Car, vous l’avez compris, je suis une plante formidable !!!!

La betterave