Lettre 083 : Du travail au jeune

Cher jeune,

Elle est loin cette époque où je répondais « présent » à chaque fois qu’on avait besoin de moi.
Lui, je l’ai rencontré à ses 14 ans : pas besoin d’aller bien loin ! Je lui ai permis d’être vacher puis berger à la métairie du village. Ça a duré 15 ans. Il était bien avec ses 250 moutons et son chien qui dormait avec lui dans la cabane de berger. Et puis, plus de moutons dans les fermes…
Il m’a rappelé et je l’ai entraîné à quelques kilomètres à peine du village, là où la laiterie avait ouvert. Il a fait tous les postes, il fallait bien travailler ! Il en a encore un bon souvenir de cette laiterie, il y est resté 15 ans. Mais avec la disparition des troupeaux de vaches en Beauce, la laiterie a dû fermer.
Il n’a pas mis longtemps à me retrouver, cette fois dans une ferme mais un peu plus loin de chez lui à une quinzaine de kilomètres. Mais il fallait bien travailler ! Il y est resté 15 ans encore, ils étaient une quinzaine d’ouvriers agricoles, il y avait du monde dans les fermes à cette époque !
Aujourd’hui, il n’y a plus personne dans les fermes…
Je sais, je sais… j’ai bien changé, et on ne me voit plus guère par ici.
Mais au fait toi, le jeune qui part tous les jours à ma recherche, et qui « galères » à ce qu’on dit, t’en penses quoi de cette époque où l’on prenait le travail qui se présentait près de chez soi, sans vraiment le choisir, de cette époque où déjà il fallait s’adapter au changement en marche ?

LE TRAVAIL qui croisa le Petit Berger beauceron