Je m’adresse à celui qui passe en regardant les champs comme une image de TV, d’un œil un peu blasé.
Et pourtant…
Nous sommes : les tiges de maïs.
Nous sommes les hallebardes végétales, les sentinelles de la Beauce. Celui qui pénètre en notre empire entendra à la moindre brise la rumeur métallique de nos feuilles qui se croisent.
Dans l’univers futuriste de cette architecture abrupte, à l’intime de nos feuilles nous cachons les coulées de soleil.
Nous portons bien haut – derniers vestiges de l’été – nos plumets de fleurs desséchées comme une main décharnée qui demanderait pitié.
Mais, demain va passer la machine infernale de poussière et d’acier, pour que nous puissions donner tout le fruit que nous avons porté.
Et sur ce champ de bataille seule restera notre armée dévastée.
Les tiges de maïs