Je viens en quelques lignes vous raconter ma vie.
Je suis arrivée en France grâce à un célèbre agronome dénommé Parmentier, afin de nourrir le peuple qui connaît la disette.
Mon cycle commence par la plantation, puis l’on me butte avec de la terre afin de confirmer l’adage : « Pour vivre heureux, vivons cachées « .
Je développe alors, à partir de mon tubercule, des tiges et des racines sur lesquelles ma progéniture va s’installer puis se développer, se nourrissant d’éléments nutritifs par mon feuillage et mon système racinaire.
J’ai souvent une famille assez nombreuse, un peu clonée.
Plus mon maître, le jardinier-paysan, prend soin de moi, plus je m’épanouis et fais d’efforts pour le rendre heureux !!
Vient ensuite pour lui l’heure du verdict, de la récolte estivale où mes rejetons voient pour la première fois la lumière, non sans avoir accompli un parcours du combattant en passant dans une machine infernale, afin de me débarrasser de mes amies les mottes de terre et de mes ennemis les cailloux.
J’atterris ensuite dans une caisse ou une remorque, et en attendant d’être présentée toute fraîche lavée sur un présentoir d’épicier, le plus souvent de jaune vêtue, ma salle d’attente est un frigo, pour m’éviter d’avoir des rides.
En fin de vie, l’on m’offre un dernier plaisir, une séance de sauna, j’en sors complètement cuite, puis je régale enfin les gastronomes en éveillant leurs papilles, pouvant être appréciée en purée, bien qu’écrasée, mais l’apothéose étant pour moi une dernière apparition en robe des champs… la classe !!!
Je suis… la pomme de terre !
Princesse Amandine