Lettre 101 : De l’escargot petit gris au paysan beauceron

Dis-donc toi le paysan de Poupry ou de Josnes, je vais essayer de te parler un français correct, c’est normal pour un luma de lire l’huma. Quand j’étais jeune tu me regardais passer je ne vais pas vite et tu avais le temps de me regarder, il fallait bien que tes chevaux se reposent sur la têtière, je n’étais pas bien gros je ne t’intéressais pas pour me ramasser et manger.
Le temps a passé, j’ai un peu grossi, mais, les vaches ayant disparu tu n’avais plus de beurre pour me farcir alors tu m’as laissé dans le bord du champ et puis ton Farmall avait moins besoin de repos.
J’ai bien grossi depuis, avec onze de mes cousins, on te ferait une bonne assiette, mais tu n’as plus le temps de me regarder : tu cours. Le GPS de ton John Deere ne s’arrête plus, la productivité, la PAC, Bruxelles, tu dis. Moi je trouve ça bien le « progrès », comme je vais de moins en moins vite avec l’âge, ta course ininterrompue au profit,  me sauve. Je pourrai rejoindre le plus tard possible le « champ de naviots » de Gaston.

L’escargot