Lettre 108 : De la nourriture aux citoyens

À vous tous, citoyens conscients et responsables,

Nous nous rencontrons plusieurs fois par jour ; je suis indispensable à votre survie.
Si j’arrive dans votre assiette, c’est grâce à cette capacité des végétaux à transformer l’énergie solaire pour la rendre assimilable à l’ensemble du monde vivant.
Mon amie « l’agriculture » a une position unique dans le concept des activités humaines : elle est INDISPENSABLE à la pérennité de ces ressources alimentaires que je vous fournis, tout en veillant au maintien de la santé publique.
Aujourd’hui, je constate que les programmes de libre-échange mondial détruisent les agricultures paysannes, vivrières, locales et provoquent ainsi la plus grande insécurité alimentaire que n’a jamais connue la planète.
La dégradation accélérée des écosystèmes, dont le sol est l’un des éléments majeurs, s’observe dans la disparition des terres arables sur l’ensemble du globe.
En 30 ans, nous avons perdu un tiers des terres cultivables par disparition de cette peau fertile de quelques centimètres qu’est l’HUMUS.
Toutes les quatre secondes, un hectare de terre cultivable passe au désert !
L’un des gigantesques enjeux du XXIème siècle est de nourrir sainement et économiquement une population mondiale en constante expansion alors que s’amenuisent les ressources en terre arable, en eau, la biodiversité des espèces, les connaissances traditionnelles libres d’accès, les savoir- faire adaptés aux conditions locales et aux besoins des populations.
Pour cela, il me parait URGENT d’inverser la tendance pour redonner priorité aux agricultures paysannes respectueuses des terroirs et des ressources et beaucoup plus efficaces économiquement que l’agriculture industrielle dont les coûts externes et les méfaits sont d’ores et déjà devenus insupportables.
Il faut réhabiliter la fonction paysanne et revenir à la Terre car ni les artifices de la chimie de synthèse, ni les prouesses de l’industrie lourde, ne peuvent remplacer durablement le génie et l’efficacité des hommes et des femmes, nombreux, pour cultiver et soigner cette Terre.
Ce changement de paradigme est indispensable pour que je continue d’exister sur toute la planète en quantité suffisante et en qualité.

La nourriture