Lettre 016 : Du cheval au groupe de cyclistes

Vous tombez bien ! Laissez-moi vous prendre à témoins de ce qui s’est passé.
Nous voilà au mois de juillet, le mois de la moisson.
Cette belle moissonneuse-batteuse était prête à couper les blés.
Elle nous a remplacés, nous les chevaux qui piaffions dans l’attente d’être attelés à cette vieille faucheuse. Il suffisait d’avoine et d’eau pour que nous la fassions avancer.
J’étais encore présent et j’en voulais un peu à cette superbe moissonneuse qui m’a envoyé à la retraite.
« Te voilà prête à partir, lui dis-je. Es-tu sûre de n’avoir perdu aucun boulon, et d’avoir suffisamment de force pour couper les blés d’or ? »
« Bien sûr que non, me répondit-elle. Pas de pièces perdues : j’ai été révisée entièrement et tout fonctionne à merveille. »
Et voilà que par cette journée chaude et ensoleillée, la belle machine s’avance dans le champ de blé doré.
Un nuage de poussière se dessine sur le bleu du ciel lorsqu’elle commence à couper les beaux épis dorés.
Moi qui l’aperçois, je murmure : « Eh bien avec moi pas de pollution ! Ça allait moins vite mais pas tant de poussière… »
Soudainement la belle machine s’arrête dans un bruit de ferraille. Moi qui étais tout proche, je cours la retrouver : « Que se passe-t-il belle machine ? Es-tu déjà fatiguée ? »
« Non point, me répondit-elle, mon batteur s’est soudainement bloqué, quelque chose le bloque. »
Une réparation était nécessaire. Que trouva-t-on ? Un fer à cheval coincé dans le batteur !
« Tu vois, me lança-t-elle, il était temps que tu prennes ta retraite ! Tu perds tes semelles et tu as failli tout faire casser ! Sans rancune, dit la belle machine, va te reposer moi je continue mon travail. »
Quelle ingratitude ! La jeunesse, ça ne respecte rien ! Vous ne trouvez pas ?

Le cheval