Lettre 025 : De la meule au visiteur

Archéologie.

Accrochée par le soc de la charrue, je me suis laissée doucement glisser le long du versoir pour refaire surface, quelque peu éblouie par le jour, après 8000 ans passés sous terre.
Combien de pas d’agriculteurs, de bœufs, moutons et chevaux ai-je pu ressentir, je ne saurai le dire.
Depuis peu, tous ces êtres vivants ont laissé la place à des machines que les humains nomment moissonneuse-batteuse, tracteur, arracheuse à betteraves et pommes de terre et toute la clique de matériels, de plus en plus lourds, qui va avec.
Mon amie la Terre qui m’a si gentiment protégée s’en plaint beaucoup d’ailleurs !
Moi, je suis un peu plus résistante ; je suis une meule de pierre ; vous savez celle qui sert à écraser le grain pour en faire de la farine. Et aujourd’hui rien de changé sous le soleil de Beauce, car ce sont nos descendantes, quelque peu modernisées, qui officient pour effectuer le même labeur dans ce terroir réputé pour produire de beaux grains.
Pour moi c’est le repos, la retraite ; encore que, exposée dans un musée, je me dois de rester bien présentable et tenir mon rang ; histoire de rappeler à l’Humanité, ainsi qu’à toi visiteur d’un jour, que sans meule point de farine et donc point de pain !
La meule