À vous,
Je suis là derrière les bâtiments de la ferme. Je sais que ma vie, en temps, n’aurait pas celui des monuments historiques, car mon ossature est toute de fer ! Toutefois mon passé fut de rendre service à mon employé lors de ses moissons !
Je suis de la catégorie des moissonneuses-batteuses tractées, de conception class et d’origine allemande ! J’ai assuré la transition entre la faucheuse-lieuse et la batteuse. J’assumais ces deux fonctions, je coupais et battais en un seul passage. Deux hommes suffisaient pour le travail, un sur le tracteur et un pour ensacher les grains sur la moissonneuse-batteuse. Il fallait deux heures pour couper un hectare de céréales, la moisson durait de 3 à 4 semaines.
Je n’étais pas seule dans ce village de Beauce, bien d’autres moissonneuses assuraient ces battages aux alentours. C’était une fierté de finir les premiers ! J’ai encore en souvenir qu’après bien des journées au soleil, à la poussière, nos maîtres, par un copieux repas « arrosaient » cette fin de moisson nommée la « passée d’août ».
Blottie derrière ces bâtiments, je me rappelle de ces bons moments, patiemment on prenait le temps de vivre !
Heureuse d’avoir simplifié le travail du moissonneur, plus de gerbes à manipuler au bout d’un broc, plus de gerbes à reprendre pour les battages !
Je suis là, je ne suis plus à la « mode ». Je n’essaie pas de me comparer aux moissonneuses-batteuses d’aujourd’hui. L’observation, l’imagination des hommes ont conçu des machines puissantes, je serais perdue dans leur technologie ! J’ai envie de dire aux moissonneuses d’aujourd’hui « courez moins et redécouvrez ces bons moments de la passée d’août » !
Moissonneuse Class junior