Lettre 043 : Du Clos à vous

À vous,

J’étais un petit terrain, de quelques ares, mais qui rendait bien service à mon propriétaire, car dans un coin j’étais fier d’arborer un grand cerisier qui régalait toute la maisonnée.
Ce fermier s’était réservé une partie pour y faire son jardin – car « ça pousse mieux qu’à la ferme » disait-il : ses pommes de terre, ses haricots etc. Le reste était cultivé en céréales.
Mais mon fermier s’est mis à la retraite et a passé le flambeau à son fils, qui me trouvant trop petit, en a parlé à ses confrères.
C’est décidé, ils vont faire un remembrement !!
Et me voilà noyé dans une grande parcelle de plusieurs hectares. Il a fallu abattre mon cerisier et j’ai également perdu mon petit jardin.
Maintenant je suis écrasé par ces grosses roues de tracteurs qui passent et repassent avec des outils de plus en plus larges et un arroseur qui m’inonde de jour comme de nuit, enfin une moissonneuse qui ramasse tout en peu de temps dans un vacarme assourdissant.
J’avais pourtant une production plus petite mais beaucoup plus variée lorsque ma superficie était réduite et je n’étais piétiné que par un cheval.
Mais mon fermier vieillit et il faut suivre l’évolution.

Le clos