Lettre 044 : De la charrue à une oreille à vous

Écoutez,

En attente chez un concessionnaire, j’ai été ravie de voir mon laboureur s’avancer vers moi pour m’acheter.
Il était fier de m’atteler à son petit tracteur, le seul du pays !!!
Arrivée à destination, il m’a fait creuser de nombreux sillons dans ses champs dans l’espoir de les préparer pour les semis.
Tous les soirs, il nettoyait mon soc luisant et à la fin des labours, il m’enduisait cette belle oreille d’une graisse protectrice pour qu’aucune tache de rouille ne vienne s’y développer.
Mais les années passent et le progrès domine si bien que je n’étais plus compétitive et j’ai vu me supplanter d’autres charrues à 2, puis à 3, puis à 4 et même plus encore de belles oreilles !!! Et moi il m’a garée sur un terrain où les herbes folles sont venues m’envahir.
Je suis maintenant complètement inutile, oubliée, bonne pour le ferrailleur qui en plus ne m’estime pas beaucoup !!!!

La charrue