Lettre 059 : Du petit tricycle aux vélocipédistes

Je m’amuse bien sur les pistes cyclables d’Orléans, on prend bien garde à ne pas voiler mes roues. On m’entoure de rires et d’amour.
Et puis je grandirai.
Un beau jour, je me retrouverai des heures d’affilée à parcourir la plaine, portant mon passager qui s’échine à lutter contre la pluie et le vent pour traverser ce paysage plat et découvert. Le malheureux pourrait changer de vitesse et pédaler plus en souplesse mais il préférera tirer un gros braquet qui lui cuira les cuisses plus vite qu’il ne le pense. D’autant plus qu’avant de partir ce négligent n’aura pas bien gonflé mes pneus et n’aura pas graissé ma chaîne. Je collerai et je couinerai. Pour couronner le tout, mon pilote ne connaîtra pas son chemin. Gidy, Huêtre, Sougy, Coinces… Une fois à Patay, Orgères sera encore loin ! Et s’il veut éviter Châteaudun, il devra affronter la côte de Marboué pour passer en Dunois, mais nous n’en sommes pas là…
L’âge venant, je deviendrai un vieux clou tout juste bon pour papy José. Nous choisirons les parcours plats et les vents favorables, histoire de pouvoir discuter tout notre saoul. Et les auvents à l’entrée des fermes nous offriront des pauses fort appréciées.
Voilà mon destin. Prenez soin de moi et je vous promets des balades inoubliables.

Le petit tricycle