Lettre 023 : De Jeanne et René à la sucrerie

  • Canton : Artenay
  • Commune : Artenay

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A la sucrerie

Je sais bien qu’en ces temps de chômage, ce n’est pas le moment de se  plaindre mais quand même, il y a des limites. Je veux dire dans ce qui est supportable. Tu ne vois pas de quoi je parle? C’est ça, fais ta mijaurée. Oui, c’est à toi que je cause. Il faut que je t’appelle sur ton 78.78.78, c’est ça ? Moi, le téléphone, ce n’est pas mon truc. Alors je t’écris. Parce que écrire, j’ai appris ça à l’école, à une époque où l’orthographe, c’était quelque chose. Mais c’est pas pour ça que je t’envoie cette lettre. C’est rapport aux odeurs. J’aime les odeurs, les bonnes odeurs. Ma femme cultive suffisamment de belles fleurs dans notre jardin pour qu’on en ait tous les jours sur la table, des bonnes odeurs. Mais pas question d’ouvrir la fenêtre parce qu’alors là… Alors là tu nous envahis avec ta puanteur. Je consulte mon Larousse pour te sortir tout ce que j’ai sur le cœur: ta puanteur, ta pestilence, ta fétidité… Je ne savais même pas que ces mots-là existaient mais ça me fait du bien de te les dire. Tu pues, tu empestes, tu chlingues. A côté de toi, les crottes de ma chienne, c’est du nanan. Si je pouvais, je déménagerais. Si tu veux qu’on te supporte, fais un effort, merde alors!

Jeanne et René