Lettre 127 : D’un habitant au petit train

  • Canton : Meung sur Loire
  • Commune : Meung sur Loire

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Cher petit train,

Je t’imagine traversant notre grande plaine de Beauce, de Chartres à Orléans en passant par Patay ! J’imagine ton panache de fumée et le « tchou tchou » du sifflet au milieu des blés d’or. J’imagine les passagers du train en costumes du dimanche se rendant à Chartres ou Orléans (à la ville quoi !)  ou peut-être allant bien plus loin. Tu apportais la vie dans nos campagnes, les gens guettaient ton passage pour regarder leur montre, les hommes la sortant de leur gousset. J’imagine les gardiens des passages à niveau,  les chefs de gare, la vie en sorte.
La guerre t’a tué. Les gares et autres maisons de garde barrière ont été vendues, l’herbe folle a envahi les rails et le vroum vroum des automobiles a remplacé ton sifflet.

Aujourd’hui, c’est avec nostalgie que je pense à toi en attendant ton retour. Le retour, bien sûr, il en est question ; de toute manière, tu ne serais plus le même, mais comme les tracteurs ont remplacé les chevaux. Grâce à toi, la vie reprendrait, la campagne se rapprocherait de la ville. Plus besoin d’avoir une voiture, tu rendrais la liberté aux personnes qui ne peuvent se déplacer faute de voitures, tu rendrais l’air plus respirable, tu ouvrirais de nouveaux horizons aux habitants de ce  pays de Beauce à la fois si vaste et si fermé sur lui-même.
Cher petit train, dépêche-toi, ne nous fait plus attendre.

Un Beauceron d’Eure et Loir
habitant à Meung sur Loire