Lettre 128 : De Dominique au calcaire de Beauce

  • Canton : Meung sur Loire
  • Commune : Meung sur Loire

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Bon, c’est pas parce que tu tutoies cinq départements qu’il faut rester si discret ! Oui, j’ai cherché un moyen pour parler de toi, ça m’est venu d’un lointain cousin que je n’ai plus vu depuis quarante ans certainement. Je pensais à lui ces jours derniers, je ne vois que ça comme explication. Bon, alors ils sont tous venus pour parler de toi, maîtres d’ouvrage ou maîtres d’œuvres, ingénieurs et techniciens, spécialistes de Facultés, du BRGM, professeurs de science et spéléologues. Il était question que tu serves comme matériau routier.

De quoi ont-ils parlé ? Leur première journée te fut entièrement consacrée. Il fallait se mettre d’accord, savoir de quoi l’on allait parler, pardi ! Puis ils ont su que ce ne serait pas suffisant et qu’il faudrait aller te voir, faire des visites. Ils voulaient te construire une base rationnelle. Alors voilà, ils t’ont examiné de différents points de vue : position stratigraphique, extension, faciès, paléographie, hydrogéologie, caractéristiques physiques L’hydrogéologie me réveilla. Les Mauves, ce grand ensemble hydrographique complexe que je vois tous les jours, fut longuement analysé. L’altération périglaciaire nous fit revenir à Tavers. J’y étais samedi dernier, avec des gars et des femmes qui nous lurent des textes, une balade littéraire qu’ils disent, avec un auteur, bon vivant et fort aimable, un dénommé Roger Wallet (la prononciation exacte de son nom est sujette à variations) ; il ne parla aucunement de toi ce mécréant pourtant bien documenté. Cependant, sur les versants de certains vallons, en amont de Tavers et dans quelques portions du coteau de La Loire, entre Saint Ay et Meung sur Loire, tu affleures. Il aurait pu t’apercevoir, il a excursionné tout ça !
Ton altération m’inquiéta quand j’appris qu’elle pouvait être de dissolution, par cryoclastie ou par solifluxion, je ne te dis pas tous les détails ; pour les explications, je te relirai le dictionnaire si tu le veux, mais je pense que tu t’en désintéresses un peu. Ta perméabilité et la présence de gouffres absorbants ont longtemps incité à un usage d’égout des eaux usées contraire à des mesures préconisées pour la lutte des pollutions. Pour finir, ils décidèrent de ne pas dire que tu étais du calcaire, le calcaire de Beauce, trop de diversité, ils finirent par dire les : « formations de Beauce ».  La prochaine fois, je te parlerai du Choix des gisements pour l’élaboration des granulats. Tiens-toi bien, tu es maintenant employé sous le nom de la grave-laitier  en calcaire de Beauce. Là, il faut que je retrouve un spécialiste. À bientôt, porte-toi bien.

Dominique