Lettre 135 : Du pont de Meung sur Loire aux passagers

  • Canton : Meung sur Loire
  • Commune : Meung sur Loire

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Chers passagers des gabarres,

Oh ! lorsque vous voguez sur la Loire, vous êtes heureux dans vos bateaux en bois dévalant les rapides, vous êtes en extase devant ces tourbillons d’eau faisant danser les bancs de poissons. Lorsque l’eau ruisselante vous éclabousse, la joie prend votre parti. Vous parlez sans cesse de ses exploits, vous la félicitez pour avoir supporté des bateaux de combats. Je suis juste au-dessus, mais vous ne me voyez pas, ou devrais-je dire, que vous m’ignorez, sauf peut-être ces jeunes qui utilisent leurs cordes vocales et hurlent pour entendre leur écho. Regardez-moi ! Regardez-moi ! N’ai-je pas une histoire aussi belle que la Loire ? Elle n’a jamais été détruite puis reconstruite ! Moi, sans vouloir me vanter, j’ai été détruit deux fois. Vers environ quatre cents ans, à la période de Jeanne d’Arc, et pendant la seconde guerre mondiale et je suis là, debout, devant vous! Mais ma vie actuelle n’est pas spécialement fascinante : faire passer les piétons, les cyclistes, les automobilistes… Il y a plus excitant ! La Loire, elle, vous offre des aventures croustillantes. Moi, impassible, les quatre pattes dans l’eau à attendre. Qu’est-ce que j’attends : du fantastique, du mystère ? J’ai souvent rêvé, ou bien même imaginé, qu’un personnage de légende vienne faire une balade sur moi. J’ai souvent ouvert mon esprit, jusqu’à arriver à sentir les claquements des sabots réguliers du cheval du cavalier sans tête, ou encore les rebonds pressés du lapin blanc d’Alice au Pays des Merveilles…Après avoir lu ceci, j’espère que vous aurez compris le ressenti que j’ai, en vous voyant vous esclaffer dans vos gabarres sur la Loire.

Le pont de Meung sur Loire