Lettre 140 : De Julien au pays de Loire et de Beauce

  • Canton : Beaugency
  • Commune : Beaugency

Voir toutes les lettres

Cher pays, de Loire et de Beauce, de vaux, de coteaux et de plaines,

Je te survole à bord d’un aérostat de Jacques Charles pour saluer ton renouveau, ce « grand désordre de printemps » selon Giono.
La campagne se mue peu à peu en un camaïeu de verts, de mosaïques de jaunes et de bruns, de blancs et roses des fruitiers.
Les oiseaux de passage, les migrateurs ont déjà rejoint le Nord. « Regardez-les passer, ce sont les sauvages, chantait Jean Richepin – Plus d’un, l’aile rompue, et du sang plein les yeux, mourra » mais ce sont les fils de la Chimère.
Sur la Loire, sur les Mauves, sur la Vallée du Rû, explosions de vie, feux d’artifice et couleurs : gerbes d’aubépines, et bientôt d’églantines, iris d’eau, primevères…
Les eaux se peuplent de colverts, de sarcelles, d’escadrons de cygnes. Par centaines, les sternes naissent puis s’envolent des îles de la Loire en norias étourdissantes à la recherche de leur pitance.
Mon cher Pays de Loire et de Beauce, je ne puis mieux exprimer ma joie que par le truchement de Guillaume de Lorris, dans Le Roman de la Rose :
« Je rêvais que j’étais en mai
Au temps des amours, rempli de joie,
Au temps où tout chose s’esgaie.
Alors la Terre devient si fière
Qu’elle veut avoir robe nouvelle.
Les oiseaux sont en mai, grâce au Printemps,
Si joyeux qu’ils montrent en chantant,
Qu’il y a tant de joie en leur cœur
Qu’il leur faut chanter à toute force…
Alors, il faut que les jeunes gens
S’adonnent à la gaieté et à l’amour !
Il a le cœur bien dur celui qui m’aime en Mai ! »

Demain, j’irai cueillir, dans les prés, les narcisses sauvages, les narcisses des poètes !

Ton ami de Loire-Beauce,
Julien