Lettre 145 : De la rue de la boulangerie à une commerçante

  • Canton : Beaugency
  • Commune : Beaugency

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A une commerçante,

Vous venez d’ouvrir votre commerce dans ma rue, très bien, mais savez-vous que je ne me suis pas toujours appelée ainsi ?
Je fus appelée autrefois « rue de la boulangère à califourchon dès potron-minet ». Je vais vous raconter pourquoi. L’histoire de mon nom bizarre remonte à l’époque des corporations. Seul les hommes avaient le droit de pétrir. Pour ouvrir commerce ils devaient être acceptés par la corporation.
Une femme brava la règle, elle s’habilla en homme, se fit appeler Martin et ouvrit commerce. Un jour, sa supercherie fut découverte : elle passa en jugement devant les représentants du métier et fut condamnée à demeurer assise à califourchon sur un sac de farine, dès avant l’aube et jusqu’à la nuit noire pour être moquée par la population qui ne s’en priva pas !
Imaginez que les juges dans leur perversité n’avaient autorisé la boulangère à quitter son sac qu’une fois la lune levée ! Or ce jugement fut rendu au moment de la lune nouvelle, période où la lune n’est pas visible ! La boulangère se lamentait, se voyant condamnée à passer la nuit entière et sept  jours durant…
Elle finit par s’assoupir, songeant à son malheur et à la méchanceté des hommes. Elle  fut réveillée par surprise. Le sac s’étant, semblait-il,  mis à bouger depuis la nuit tombée.  Terrorisée, elle n’osait rien faire. En quelques instants, au plus noir de la nuit noire, le sac se transforma en…  boulanger !  Imaginez un peu la ville à cette époque : pas de lampadaire éclairant tous les coins d’ombre, rien, le noir total !
Alors il se passa ce qui se passe entre tous les boulangers et les boulangères, entre tous les charcutiers et les charcutières, entre tous les épiciers et les épicières, bref entre tous les couples et ce fut une fête qui ne cessa qu’au petit jour. Là, le boulanger redevint sac de farine, sur lequel la population retrouva la boulangère endormie, sereine. Cela dura toute la lune nouvelle, et la population trouvant que la peine avait assez duré, et fatiguée de se moquer de la boulangère, demanda la levée de la sanction et l’autorisation qu’elle retourne à son fournil non sans baptiser l’endroit  «  rue de la boulangère à califourchon dès potron-minet ». La boulangère s’empressa d’épouser son boulanger, ils furent heureux et eurent beaucoup de « bâtards ».

Voilà mon histoire !

La rue de la boulangerie

A une commerçante,

 

Vous venez d’ouvrir votre commerce dans ma rue, très bien, mais savez-vous que je ne me suis pas toujours appelée ainsi ?

Je fus appelée autrefois « rue de la boulangère à califourchon dès potron-minet ». Je vais vous raconter pourquoi. L’histoire de mon nom bizarre remonte à l’époque des corporations. Seul les hommes avaient le droit de pétrir. Pour ouvrir commerce ils devaient être acceptés par la corporation.

Une femme brava la règle, elle s’habilla en homme, se fit appeler Martin et ouvrit commerce. Un jour, sa supercherie fut découverte : elle passa en jugement devant les représentants du métier et fut condamnée à demeurer assise à califourchon sur un sac de farine, dès avant l’aube et jusqu’à la nuit noire pour être moquée par la population qui ne s’en priva pas !

Imaginez que les juges dans leur perversité n’avaient autorisé la boulangère à quitter son sac qu’une fois la lune levée ! Or ce jugement fut rendu au moment de la lune nouvelle, période où la lune n’est pas visible ! La boulangère se lamentait, se voyant condamnée à passer la nuit entière et sept  jours durant…

Elle finit par s’assoupir, songeant à son malheur et à la méchanceté des hommes. Elle  fut réveillée par surprise. Le sac s’étant, semblait-il,  mis à bouger depuis la nuit tombée.  Terrorisée, elle n’osait rien faire. En quelques instants, au plus noir de la nuit noire, le sac se transforma en…  boulanger !  Imaginez un peu la ville à cette époque : pas de lampadaire éclairant tous les coins d’ombre, rien, le noir total !

Alors il se passa ce qui se passe entre tous les boulangers et les boulangères, entre tous les charcutiers et les charcutières, entre tous les épiciers et les épicières, bref entre tous les couples et ce fut une fête qui ne cessa qu’au petit jour. Là, le boulanger redevint sac de farine, sur lequel la population retrouva la boulangère endormie, sereine. Cela dura toute la lune nouvelle, et la population trouvant que la peine avait assez duré, et fatiguée de se moquer de la boulangère, demanda la levée de la sanction et l’autorisation qu’elle retourne à son fournil non sans baptiser l’endroit  «  rue de la boulangère à califourchon dès potron-minet ». La boulangère s’empressa d’épouser son boulanger, ils furent heureux et eurent beaucoup de « bâtards ».

 

Voilà mon histoire !

 

La rue de la boulangerie