Chère voisine,
Si vous le permettez, je pourrais dire « chère amie ».
Je suis passée par chez vous, vendredi de la semaine dernière.
Je n’ai pas eu le temps de m’arrêter, toujours pressée, comme vous le savez !
Vous êtes vraiment toute en beauté. Il y a longtemps que je ne vous avais vue.
Il faut dire qu’en hiver, je quitte peu le coin du feu.
Que voulez-vous, je suis frileuse ! Je ne suis pas comme vous, aguerrie à toutes les intempéries. Je vous admire !
Le jour où je suis passée, le soleil faisait briller vos mottes charnues, telles de gros diamants noirs. Je vous trouve plus belle ainsi, que lorsqu’on vous émiette.
Et quelle sublime odeur d’humus vous dégagiez ce jour-là !
Mais permettez-moi de vous dire que ce n’est pas toujours le cas.
Parfois votre odeur es insupportable, irrespirable.
Je sais bien que ce n’est pas de votre faute.
On vous injecte des produits toxiques : désherbant, insecticides, engrais…
Sans vous demander votre avis.
Je ne comprends pas que vous restiez passive.
Vous pourriez refuser de nous faire quelque don que ce soit.
Bien sûr, je vous comprends, vous devez être fière de produire de bonnes grosses betteraves gorgées de sucre, des épis de blé gonflés de grains bien dodus.
Je vous prie de m’excuser, mais tout cela nous empoissonne.
Vous pouvez réagir !
N’avez-vous pas pensé rejoindre un groupe écologiste ?
Si vous voulez, j’aimerais que l’on se retrouve prochainement pour discuter de tout cela.
Je vous dis à bientôt.
Ci-joint mon adresse mail.
Ysabel.
PS : j’espère que malgré tout ce que je vous ai écrit, vous accepterez mon amitié.