Cher passant égaré qui traverse la plaine,
Plus rien ne vous protège, les forêts, les rivières, les vallées si lointaines, vous risquez de vous perdre. Ici plus de repères, le temps s’est arrêté, retirez votre montre, je suis l’âme invisible qui vient à votre rencontre, vous percevez mon souffle et vous courbez la tête, au rythme des saisons. Je varie mes caprices, j’ondule les moissons et je plie les maïs, aux moulins fatigués, je tournoie d’autre hélices produisant pour demain lumière et chauds délices. J’inspire, je halète, l’expire en tous mouvements, c’est le volet qui claque ou la mauvaise odeur, l’immense désolation, les perdus et les villages qui meurent. Je m’imagine dans le ciel spacieux et étoilé, plus je monte et plus mon souffle est lent, les soirs de fresques écarlates je consacre le nuage jusqu’au bout de l’aurore quand le beauceron s’éveille et perçoit mes caresses ou ma gifle cinglante, pronostique pour demain quel air aura son blé et quel temps il fera. J’émigre toujours plus loin, surfant sur la crête des labours, cette ligne d’horizon qui confond la terre noire au passage du néant, plat pays tu es Beauce, mais je soupire pourtant…
Zeph