Lettre 217 : De Christiane au Gaspy

  • Canton : Patay
  • Commune : Villeneuve sur Conie

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Mon cher gaspillage,

Un petit mot du Pays Loire-Beauce pour te dire que tu exagères. Comme à ton habitude, tu préfères jeter que de recycler les vêtements qui pourraient encore servir à d’autres personnes ou, avec un peu de couture et d’imagination, faire de petits vêtements ou jouets en tissu pour les jeunes enfants. Ainsi que beaucoup d’autres choses, nos grands-mères faisaient, avec la laine des moutons qui vivaient dans nos prés, de belles couvertures à Patay ; maintenant plus rien. L’herbe étant tondue par les moutons, non en jachère.
Mon petit Gaspy, chaque jour tu m’es de plus en plus cher, avec l’eau au goutte à goutte du robinet qui finira par faire une belle réserve d’eau, un petit ruisseau, peut-être bien une rivière ? Lorsque j’étais petite, tout le monde te chassait chez nous, cher petit Gaspy. L’eau nous était comptée : le puits n’était pas dans le jardin, mais en commun avec plusieurs voisins.
Alors là, mon petit Gaspy, tu exagères ! Les restes des repas ou même les plats non consommés, nourriraient bien ton chien, ton chat. Toi, tu préfères ta poubelle bien grasse que c’en est indécent. Le surplus de tes dépenses alimentaires aurait pu nourrir parfois une petite famille dans le besoin.
Mon petit Gaspy, tu ne penses pas que tu devrais faire attention. Tes savonnettes non finies devraient rejoindre les petits restes de savon. Mis ensemble, tu pourrais avoir de quoi te laver les mains !
Cher petit Gaspy, je t’entends déjà me dire que je suis radine, que ma façon de vivre c’est dépassé, il faut consommer. D’accord, mais changer de meuble, de voiture tous les 3 ans, alors là tu es ridicule ! Si tu crois que le bonheur se trouve dans tous les objets plus ou moins utiles, tu te mets le doigt dans l’œil, mon chéri. Tu abîmes la nature avec tous ces trucs que tu délaisses dès que tu vois des nouveautés véhiculées par cette réclame « publicité ». Parfois tu n’as même pas le temps d’y jeter un œil dessus.
Mon cher petit Gaspy, tu aimes bien jeter l’argent par les fenêtres, ça t’amuse de jouir du spectacle d’appauvrir la nature que tu abîmes pour ton seul profit et voracité. Mon petit Gaspy, permets-moi bien que je t’aime profondément. Je trouve que tu en fais beaucoup trop. Mon petit Gaspy, faire croire aux agriculteurs que le blé, qu’ils cultivent avec amour depuis des millénaires, n’est pas bien à semer, qu’il faut désormais qu’ils payent leur blé à un soi-disant ingénieur qui aurait un brevet pour avoir trouvé la passion magique du blé sélectionné ,mis par les agriculteurs au même chapeau, alors qu’ils nous nourrissent avec leurs semences bien adaptées au sol de chez nous. Quand j’étais enfant, toutes les fermes étaient bien vivantes par le nombre de personnes qui y travaillaient, par les volailles qui se promenaient autour, les moutons, chèvres, chevaux et ânes dont il ne reste que quelques fers pour signaler leur passage dans mon petit jardin de Beauce.
J’étais heureuse que tu n’aies pas trop touché au paysage du ciel de Beauce. Les couchers de soleil sont magnifiques avec parfois des nuages roses, rouges, jaunes, oranges, bleu-gris, toujours changeants. Et bien mon petit Gaspy, ta dernière lubie que tu me prépares, je n’apprécie pas du tout. A Bricy, tes avions vont envahir mon si joli spectacle enchanteur des étoiles filantes au soir d’été enchanteur.
Avec toute mon admiration pour ton savoir faire : prendre des vessies pour des lanternes.
Bien à toi ton humble admiratrice.

Christiane.