Lettre 222 : Du pommier aux passants

  • Canton : Patay
  • Commune : Saint Péravy la Colombe

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Aux passants,

Je pense avoir été planté dans ce jardin, à l’ombre de la maison, vers 1920. C’est si loin, je ne me souviens plus très bien. Ma variété de pommes est la « cato » est-ce vraiment ce nom ? Pourquoi suis-je arrivé dans ce petit coin de Beauce ? Puisque l’on trouvait ces pommiers sur Ormes et Ingré, disparus, remplacés par le béton qui a tué grand-maman … J’ai grandi, je suis devenu un bel arbre couvert de fruits. La cueillette ayant lieu à la Toussaint, en ayant soin de ranger mes belles pommes sur des clayettes à l’abri du gel, celles-ci se conservent jusqu’au printemps. Mes pommes acidulées juteuses permettent de confectionner de délicieuses compotes et d’excellentes tartes Tatin. Les saisons se succèdent. Au mois de juin, couvert de fleurs, je suis superbe, plus de risque de gelée, d’où ensuite une belle récolte.
Les années ont passé. En 1960, je me suis senti rajeuni : un bébé dormant dans un berceau à l’ombre de mon feuillage traversé par quelques rayons de soleil, un enfant faisant ses premiers pas et les grands grimpant dans mes branches, croquant une belle pomme.
Et cette année 1976 , avec cet été si torride, la maisonnée se retrouvait sous mon ombrage, appréciant la fraîcheur.
Mais je vieillissais.  Lors d’orages une branche cassait de temps en temps, on me soignait et je tenais bon.
Mais sévit cette terrible tempête de Noël 1999. Déraciné, je me suis affaissé lentement sur la maison avec de longs craquements. Ce fut la fin.  On me découvrit un petit matin, ma petite famille « d’humains » pleurait pleurait…
Mais je revis, suite à une greffe de mes rameaux par un passionné de variétés de pommiers anciens, dans de jeunes arbres pleins de vigueur qui assureront ma continuité pour les générations futures.

Le pommier.