Lettre 237 : De la Loire au marcheur ligérien

  • Canton : Beaugency
  • Commune : Beaugency

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Au marcheur ligérien

J’en ai vu des amants sur mes berges ombrées
Qui venaient vivre là leur amour bien caché
J’en ai vu des rêveurs nez au vent, l’air joyeux
Venir se ressourcer sur mes chemins herbeux

J’en ai vu des pêcheurs, à la ligne, au filet
Du gamin en vacances au parfait braconnier
Les ai tous accueillis, de mon humeur égale
Nonchalante et lascive, comme une mer étale

J’en ai vu des hérons et des canards sauvages
S’arrêter pour pêcher, s’ébrouer sur mes plages
J’en ai vu des mésanges dans les osiers des rives
Des martins-pêcheurs filer comme lueurs vives

J’en ai vu des chevesnes sauter en plein été
Comme envieux de narguer le pêcheur embusqué
Les ai tous protégés sur mes bords ombragés
Lorsque le grand soleil irisait mes reflets

J’en ai vu aussi des pleurs dans mes heures noires
Quand les crues gigantesques marquant mon histoire
Mêlaient désolation, terreur et puis misère
Lors des débordements de mes grandes colères

Pour cela on me dit le dernier fleuve sauvage
Et, avant de m’aimer, il faut me mériter
Il ne faut surtout pas vouloir me mettre en cage
Et seulement ainsi, on pourra m’apprécier

La Loire