Lettre 240 : De Robert au village

  • Canton : Meung sur Loire
  • Commune : Meung sur Loire

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C’est au village de Saint Péravy La Colombe que je voudrais écrire.
J’entends, sous ce terme, une communauté sur un territoire avec son patrimoine et son histoire.

Ce nom de Saint Péravy la Colombe est unique en France et aucun autre village ou bourg ne le porte. Il est particulièrement doux à l’oreille et évoque une image de sérénité. Pourtant, ce n’est pas de l’oiseau de paix dont il est question.
Selon les érudits, tu t’appelais jadis « Sanctus Patrus vicus ad columnem », c’est-à-dire Saint pierre, village près de la colonne. Il s’agit d’une borne placée sur la voie romaine au passage des légions.

Ton histoire n’est pas faite que de paix. Tu as notamment connu la bataille de Patay, gagnée par Jeanne d’Arc, qui s’est déroulée le 18 juin 1429 en partie sur ton territoire. Tu as vu la retraite des troupes françaises après le combat de Loigny de décembre 1870.
Et plus récemment, le 14 juin 1944, un bombardier américain s’est écrasé sur ton sol avec ses membres d’équipage. Heureusement, le fracas des combats s’est maintenant apaisé. Mais ces événements restent présents dans ta mémoire, comme en témoigne la rue jeanne d’Arc, la rue de Sonis, héros de la bataille de Loigny et le monument aux aviateurs alliés avec son hélice brisée.

Géographiquement, tu es planté comme un repère dans la plaine, au carrefour de deux routes, lieu de passage et aussi lieu d’arrêt au temps des voyages à cheval. Les maisons sont sagement alignées autour du croisement et certaines laissent deviner leur ancienne fonction d’auberge ou de relais, avec de larges porches permettant l’accès des voitures et des charrettes à cheval. C’est maintenant les automobiles qui viennent à certaines heures perturber ta tranquillité.

Tu possèdes par ailleurs des éléments de patrimoine typiquement beauceron, comme une très belle et vaste mare avec son muret, témoin des troupeaux qui venaient s’abreuver et aussi des croix de chemin dans les champs. Et puis, on remarque, à la sortie nord, la vaste ferme du Mesnil, jalon sur la route du blé, avec son remarquable pigeonnier abritant mille quatre cent quatre vingt boulins, coiffé d’un curieux chapeau conique en ardoises. L’église Saint Pierre cache, quant à elle, derrière un clocher récent, un bel édifice roman, riche d’un buffet d’orgue. Il m’est d’ailleurs arrivé d’assister à de très beaux concerts organisés par « les amis de l’orgue ».Sur une vieille carte postale, on voit « le château », maison de maître, avec une marquise au dessus de la porte d’entrée. Cet édifice a disparu comme beaucoup de châteaux en Beauce et petite Beauce.

Tu es pour moi le reflet fidèle des villages de ce Pays où on lit comme dans un livre. Continue de veiller sur ton patrimoine sans refuser le progrès et le développement.
S’il m’est permis un souhait, ce serait que la ferme du Mesnil et son pigeonnier retrouvent leur splendeur passée.

N’en déplaise aux érudits, tu reste pour moi associé à  la douceur de la colombe.

Robert