Lettre 245 : De Bernard à Hortense, une truie

  • Canton : Meung sur Loire
  • Commune : Chaingy

Voir toutes les lettres

Lettre à Hortense : superbe truie « blanc de l’ouest » 47.

Ma chère Hortense,

Il y a bien longtemps, j’étais petit, en vacances à la campagne, mon ami s’appelait Jojo . C’était un petit cochon très rigolo. Comme tous les cochons, il avait un groin tout rose, deux petits yeux pétillants de malice, une petite queue en tire-bouchon et deux oreilles pointues dont l’une, la droite, portait une petite tache noire.
Je passais cette année-là de merveilleuses vacances avec mon copain Jojo et ce fut un véritable déchirement quand arriva la fin des vacances et la rentrée. Je vécus une année scolaire interminable, tant j’avais hâte de retrouver mon ami, et, quand en juillet de l’année suivante je retrouvais la campagne, je me précipitais dans la porcherie de mon ami et le serrais dans mes bras. Il n’avait pas changé, il avait toujours son mignon groin rose, ses petits yeux pétillants de malice, sa petite queue en tire-bouchon et ses deux oreilles pointues dont l’une portait une petite tache noire.  Simplement, la petite tache avait changé d’oreille, ce détail ne me dérangea pas tout de suite, d’autant plus que lorsque je m’en étais inquiété auprès de la fermière, elle m’avait rassuré en me disant :
«  Oh ! Tu sais, les taches sur les oreilles des cochons, ça va…ça vient… »
C’est Lucie, la petite fille des voisins (une gamine de mon âge) qui me révéla l’atroce vérité :
«  Les cochons, c’est fait pour être mangé, ton Jojo comme les autres…d’où tu crois qu’il vient le jambon qui est accroché près de la cheminée ? »
Sur le coup, j’en voulus terriblement à Lucie…puis un peu moins… enfin, plus du tout. Elle me consola, remplaça Jojo, devint ma copine que je retrouvais avec joie chaque année, grandissant avec elle.
Quelques saisons plus tard, je compris pourquoi on dit que dans le cœur de chaque homme, il y a un petit cochon qui sommeille…
Tu vois Hortense, les histoires de cochon ne finissent pas toutes en « jus de boudin » C’est un peu grâce à Jojo que Lucie et moi …

Amicalement.

Ton ami Bernard.