Lettre du pays, à vous autres du pays,

Le pays de Loire-Beauce ? Ce n’est pas un pays… C’est l’envers …Un pays plat…sans aucun relief…Comme la mer quand le ciel est clément. C’est une mer de céréales…Blonde comme les blés en juillet… Enfiévrée au printemps, c’est une terre de labour que la neige ne recouvre jamais complètement en hiver… C’est un ciel chaque jour changeant… Colorié d’ors et de sang quand s’annonce le couchant …Un ciel d’orage ardoisé bien souvent… Un ciel de nuages tout le temps …

C’est le pays de mon grand-père maternel … je suis tombé dedans… Père grand ! Peintre. C’est le pays de Couté…Gaston. Poète. L’un disait l’autre et j’ai tout cela en héritage à la lisière des bois et des champs avec les Mauves qui s’interposent. Retour aux racines. Elles m’incitent à une vision plus simple des choses. Jamais simpliste…plutôt élément Terre.

Le peintre et le poète. Ils sont là, dans les champs, quand il faut que la terre rende. Quand les socs des charrues vous la mettent sur le flanc. Grasse. Aussitôt emblavée. Quand les feuilles rouges et jaunes glissent sur l’eau des Mauves poussant leur ombre fluide sur les fonds envasés. A la dérive… Ils sont là, dans le bois, à relever les collets. A guetter les bons plans. Quand un arbre s’abat, ils sont là ! Qu’ils veillent sur cette terre éternellement…

Ainsi je suis conduit à la Loire tout naturellement rien qu’en suivant le sens du courant. Car l’eau est là…dessous… Source de toute chose. Elle va comme la vie…Bien trop vite…par le fleuve…et jusqu’à l’océan. Et chaque année, j’enrage de n’avoir pas assez traîné dans les champs …Scruté l’alouette et le faisan… le roucoulement des tourterelles…Autant qu’un battement d’ailes… Prêté l’oreille au vent …

François R.