Aux cloches, Marguerite-Ernestine, Marie-Louise-Francine, Thaïs,
Combien d’habitants de ma petite commune vous connaissent ?
Pourtant, depuis longtemps, vous participez à leurs vies.
Vos robes d’airain sont cachées dans le clocher, vous nous regardez de haut et observez la vie à vos pieds depuis deux siècles. Comme elle a changé ! Vos contemporains se déplaçaient à pied ou à cheval, puis le cycle, maintenant la voiture, la moto.
Vous pouviez vous faire une beauté dans le miroir de la mare mais maintenant impossible.
Vos voix sonnent les heures, l’angélus et les demi-journées pour prévenir le paysan dans ses champs que la journée avance et suivant le sens de la portée de votre son, il saura d’où vient le vent, la pluie ou le beau temps.
Marguerite, sol-sol, tu as déménagée en 1895 pour rejoindre un clocher tout neuf, toi, Marie-Louise-Francine, fa-fa, tu as été refondue en 1967 car tu étais abîmée. ThaIs, la-la, tu as rejoint tes sœurs en 1913.
Si dans le temps passé vous alertiez les villageois des incendies, catastrophes naturelles, guerres, victoires, maintenant, vous avez une concurrente sur le château d’eau ; mais vous gardez vos voix pour nous prévenir des joies : baptêmes, mariages et des tristesses : décès.
Si certains veulent vous faire taire, le village sera mort.
Cloches de mon village, longues vies !
Elmabema.