Saule, mon cher Saule,
Ou bien mon cher Salix alba tristis, devrais-je dire, car tu es si noble que tu mérites ton nom latin dans cette lettre.
Nous avons tellement de choses à dire sur toi que je ne pourrais tout déclamer sur cette feuille.
Tu sembles si seul, là où tu es, près d’une rivière totalement vidée de son eau cristalline, remplacée par de la vulgaire boue.
Ceci dit, c’est à ton image : c’est triste et ennuyeux. Parfois, quand nous jouons au foot, il arrive que la balle vienne frapper tes longs rameaux dorés à la lumière. C’est alors que je peux venir te contempler.
Mais quand je suis sous ton toit feuillu qui m’enveloppe dans la totalité, mon sang et mon humeur se glacent, laissant à mon visage une grise mine.
Il n’y a que ta cime qui semble rayonnante et soyeuse.
Pourquoi ? Mais pourquoi pleures-tu ainsi ? Est-ce la balle qui t’a blessé, ou le temps qui t’exténue? Je ne puis le dire.
C’est ainsi que tu remercies Dame Nature, en restant cloîtré dans ta carapace de feuilles ?
Tu n’es heureux que lorsqu’il y a un orage, qui semble être ta lyre…
En tout cas, finalement, tu es la mienne…
Antoine.