Lettre 328 : Du four à pain à un passant

  • Canton : Meung sur Loire
  • Commune : Chaingy

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Cher passant,

Si je n’ai pas disparu, si je ne suis pas tombé sous la pioche des démolisseurs, c’est miracle. Car, depuis des lustres, je ne sers plus à rien, je suis inutile, encombrant même.
Hélas, même si  je ne sers plus, on pourrait quand même me respecter ! Et respecter tous ceux qui m’ont entouré alors ! Car j’ai été longtemps au cœur de la vie des hommes.
Quelle ingratitude !
Tant pis si je manque de modestie : vous seriez capable, vous, de bâtir un tel chef d’œuvre, assembler briques et terre en une superbe voûte aux formes  régulières ? Vous sauriez préparer, enfourner et cuire le pain, juste comme il faut, pour nourrir bien des bouches ?
Ah ! qu’il était beau ce temps où je réunissais enfants, jeunes et vieux  du hameau !  Il fallait se lever aux aurores pour allumer fagots et javelles, afin que ma voûte brûlante offre à tous de bons pains dorés, odorants, attendus !
C’était l’époque où on prenait le temps, il fallait bien. L’époque du partage. Et moi, endormi à jamais, je me morfonds au pignon de la maison.

Le four à pain.