A la mangeoire aux oiseaux,

Lettre, suite à réclamation.
Tu sais, tu es là un peu par hasard. C’est Jeannine qui t’avait achetée et quand elle est partie définitivement à Nice, je t’ai récupérée.
Bon, c’est sûr, tu es restée pas mal de temps dans la grange, mais j’ai fini par t’installer au milieu du treillage du rosier liane.
Au début, malgré les graines, les oiseaux ne t’ont pas tout de suite découverte, mais, dès janvier, c’était la fête. Ca tourbillonnait, virevoltait et ça se battait presque. Il aurait fallu siffler la récré et mettre tout ce beau monde en rangs par deux, cette volée de moineaux affamés.
Il y avait des moments plus colorés que les bruns et l’ambre des moineaux. Des instants mordorés, orangés avec le rouge-gorge et des jaunes, bleus et une pointe de vert avec les mésanges.
Le froid est arrivé en février et toutes les couleurs de la terre ont disparu sous un linceul blanc, cette neige qui uniformise le paysage. Le silence et l’immobilité ! Plus d’oiseaux, sauf le merle au bec orange.
Le temps plus clément est revenu et les rondes des moineaux, les visites du rouge-gorge et les ballets des mésanges ont repris leur cours. C’était si enthousiasmant que j’ai même emprunté un livre-cd à la médiathèque pour reconnaître le chant des oiseaux ; sans grand succès, je crois que je ne suis pas très douée. En fait, tous ces piaillements d’oiseaux m’enchantent et tant pis si je ne les reconnais pas.
Puis, au fil des jours, moins de visite. Vu l’annonce du printemps, je me suis dit que les oiseaux avaient mieux à faire. Non, en fait il n’y a plus de graines chez toi, la mangeoire aux oiseaux. Alors, c’est promis, la prochaine fois que je fais des courses j’en rachète.

Persona, hétéronyme 2.