Lettre 343 : De Chalou aux lecteurs

  • Canton : Beaugency
  • Commune : Lailly en Val

Voir toutes les lettres

Chers amis lecteurs,

Pas beau, mais mignon, voilà ce qu’a dit mon pseudo-maître ce soir ! Pas beau mais mignon ! Il ne s’est pas regardé lui !
Ho ! pardon, chers amis lecteurs, je ne me suis pas présenté. Je m’appelle Vulcain (certainement à cause de mon pelage couleur feu), mais pour les amis, c’est Chalou. Je ne me souviens pas de mon enfance, mais j’ai vécu mon adolescence en prison (je ne sais pas pourquoi) et j’ai évité la peine de mort le jour où j’ai rencontré celle qui allait devenir ma maîtresse.
Au premier coup d’œil, j’ai su que c’était elle et pas toutes ces mégères qui ne voulaient que des beaux chatons. C’était il y a sept ans, une éternité.
Ma vie a changé ce jour-là, le jour où j’ai atterri à Lailly-en-Val, une petite commune entre Loire et Sologne, à la limite du Loiret et du Loir-et-Cher.
Lorsque je suis arrivé, j’ai tout de suite trouvé mes marques, et j’avais à ma disposition un énorme territoire de chasse : un petit bois d’acacias pour moi seul et gare aux intrus qui s’y infiltraient. Ils étaient chassés avec perte et fracas, même ceux à quatre pattes qui lèchent le derrière de leur maître et viennent dès qu’on les siffle : nos ennemis jurés. Ce territoire était immense. Un jour, mon instinct d’aventurier m’a emmené plus au nord. Mal m’en a pris. J’ai été écrasé par un monstre d’acier. Je suis rentré à la maison avec mes deux pattes de devant. Je n’avais plus de griffes et j’étais en sang. Là, les secours se sont organisés et je me suis retrouvé chez l’homme en blanc que je déteste. Mais si ! celui qui me pique dès qu’il me voit ! Là, par contre, il m’a soigné et après deux mois de convalescence, mon bassin qui avait trois fractures s’est remis en place et j’ai pu reprendre mes activités.
On me dit cruel car je joue avec la nourriture que j’ai attrapée, mais vous les humains, vous rendez-vous compte de ce que vous faites entre vous ?
Un jour, j’ai fait connaissance avec une belle mésange. Celle-là, je me la serais bien mise sous les crocs, mais dans sa boîte, elle me narguait. Mon maître a tout fait pour que je ne  la touche pas.
Alors on a fait un brin de causette. Il paraît que vu du ciel le paysage est magnifique.
Au sud, on voit la grande forêt de Sologne avec sa multitude d’arbres.
A l’ouest, une immense bâtisse crache des colonnes de vapeur.
A l’est, on peut apercevoir des forêts, des villes et plus loin une grande ville : Orléans. Il paraît que je viens de là.
Au nord, ah ! le nord ! Il y a la Loire et tout au fond, de grands champs de blé, La Beauce : le grenier à blé de la France. Ne me demandez surtout pas ce que c’est que la France, je n’en sais rien. Mais imaginez un peu tous ces mulots et volatiles que je pourrais chasser dans ces champs. Le paradis pour chats. J’irais bien explorer ces nouveaux territoires, mais pour cela, il faut traverser la Loire et là deux solutions : ou je nage, mais vous le savez bien, les chats ont horreur de l’eau, ou je passe par le pont de Beaugency, mais là, c’est l’horreur, car j’ai entendu parler d’un chat qui a eu de gros problèmes en traversant ce pont et j’ai peur que ce paradis ne se transforme en enfer. C’est pour cela que je ne vais pas tenter l’aventure et rester dans ce foyer où la nourriture n’est pas si mauvaise.
Malheureusement, mon territoire s’est réduit comme peau de chagrin. D’autres maisons ont poussé, amenant avec elles d’autres arrivants avec lesquels je suis obligé de combattre sans merci pour conserver chaque parcelle de terrain.
Malheureusement  je ne suis plus jeune et même si je suis encore gaillard, j’ai connu ma première défaite il y a peu.
Voilà ce qu’est la vie d’un chat de gouttière à Lailly-en-Val.
Bon, c’est pas tout ça mes amis, il est minuit, je suis seul devant la fenêtre, car je n’ai pas le droit de sortir la nuit. J’ai bien réussi à faire quelques escapades et je me marre lorsqu’il me cherche dans le noir et qu’il ne me trouve pas, alors que je suis à deux mètres de lui. Quand je pense que dès qu’il y a du soleil il met des lunettes noires et que la nuit il ne voit rien ! Le problème est que l’estomac est plus fort que tout et je suis bien obligé de rentrer.
Comme je disais, il est minuit, il faut que j’aille dormir car je n’ai pas eu mes dix-huit heures de sommeil, mais avant je vais faire une petite razzia de croquettes et boire un coup. D’ailleurs je ne sais pas d’où elle sort leur flotte. Elle est fade ! Berk ! ça ne vaut pas celle des flaques d’eau. Elle est plus goutteuse.
Allez, hop ! sur le lit ! Pousse- toi de là que je m’y mette. Tu m’entends ? Oui c’est à toi que je parle, mon soi-disant maître. Vas-y, gratte-moi sous le museau ! Un peu plus haut ! Voilà, c’est ça !
Bon, je vais vous laisser les amis, je vais me mettre en boule et dormir d’un sommeil tranquille, et peut-être rêver que je la croque enfin cette fichue mésange !
Je vous embrasse tous et vous dis à bientôt.

Ronronronronronron

CHALOU

PS : Si vous désirez me répondre voici l’adresse mail de mon maitre surtout ne lui dites pas que je vous l’ai donnée, il serait pas content : c … @ … .fr