Cher hêtre,

J’ai reçu ta carte, toi qui es seul.
La pollution ne t’empêche pas de vivre en harmonie ? Si tu me réponds que si, je comprendrais. Nous les hommes, nous vous empêchons de vivre tranquillement. En plus certains hommes pensent que vous êtes inutiles. Je trouve ça inadmissible, car sans vous, on ne pourrait pas grimper sur vous, et surtout la vie serait impossible, car vous aspirez le gaz et vous rejetez de l’oxygène. Aussi je trouve que nous ne vous connaissons pas assez, même si je suis l’incollable de la famille à ce sujet. J’aime bien me blottir contre vous et rester longtemps comme ça. Même, parfois, j’entends votre sève couler. Des fois je reste si longtemps contre vous que je me prends pour l’un d’entre vous. Une fois quand j’étais blotti contre l’un d’entre vous, il m’a semblé voir l’intérieur du tronc. Quand il y a un insecte qui commence à te grignoter je le chasse. Revenons à quand j’ai dit que vous n’étiez pas inutiles ; même quand vous êtes morts  vous servez de maison aux oiseaux du genre chouette ou même hibou.

Ton ami Grégoire