Lettre 372 : De Sansois à la Beauce

  • Canton : Patay
  • Commune : Tournoisis

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Ma chère Beauce

Par ma fenêtre, je vois ton horizon plat, simplement marqué par quelques bouquets d’arbres épars, d’îlots de bâtiments de pierre couverts d’ardoise et, depuis peu ces nouveaux moulins élancés et efflanqués qui auraient fait l’affaire de Don Quichotte.
A la différence des pays vallonnés ou montagneux, je ne peux distinguer par surplomb le damier des cultures et des forêts. Mon horizon est cette ligne droite qui ne laisse même pas supposer la rotondité de la terre. Tout est plat !
C’est un paysage sans limites. Dans celui des  montagnes, le regard est forcément barré par des arêtes rocheuses et, pour ce qui est des régions forestières, on est quasiment pris dans un carcan.
Et pourtant, lorsque l’on parcourt tes chemins sans ombre, on découvre que  cette platitude est un leurre, elle cache des vallées insoupçonnées et des ondulations inattendues  qui rendent ta plaine intime.
Décidemment, tu n’es comparable qu’à la mer dont les richesses restent invisibles,  cachant même ton eau et n’étalant ton opulence que quelques mois par an.
Comparée à tous les sites touristiques ou pittoresques, tu n’as rien d’attirant mais tu laisses à l’inspiration le soin de créer le rêve et c’est pour cela que je suis souvent à ma fenêtre devant ce « plat pays qui est le mien » !

Sansois.