Lettre 382 : De Jeanne à la chienne Câline

  • Canton : Artenay
  • Commune : Artenay

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A la chienne Câline,

Dès le premier jour où on t’a vue à la S.P.A. de Chilleurs – entre parenthèses, quel drôle de nom pour un refuge ! – on a su que ce serait toi. Des chiens, il y en avait des plus grands que toi, des racés, des au museau fin et au poil soyeux. Mais toi tu avais quelque chose de plus, quelque chose d’autre : c’est ton regard qui n’était pas pareil. Les autres, on aurait dit qu’ils voulaient nous apitoyer ou nous charmer. Toi, tu regardais simplement comme une pauvre âme abandonnée. Tu n’attendais plus rien de rien de la vie. Mais quand René t’a caressée, tu as creusé tes petits reins. Si tu avais su ronronner, tu aurais ronronné. Avec toi notre vie a changé. Maintenant que les enfants sont loin, on s’ennuie souvent le soir ou le dimanche. Avec toi, ça ne nous arrive plus. On va te promener, ou on joue dans le jardin. Bien sûr, avec l’âge, tu ne cours plus comme une folle mais tu aimes encore bien ramener la baballe. Ma Câline, tu es comme un beau dimanche dans notre vie.

Jeanne.