Chère Souad COUPEUSEDARBRE,

Vous recevez pour la première fois une gentille lettre vous demandant de ne pas me couper.
Pour vous en dissuader, moi, l’arbre de Charsonville, je vais vous montrer que durant toute ma vie je n’ai vu que de beaux paysages, ainsi que de merveilleuses couleurs.

Mon premier été fut en 1912. Le magnifique soleil nous réchauffait moi et tous mes autres semblables. En effet, à cette époque, le champ où je me trouve actuellement était une forêt dense et harmonieuse. Mes feuilles étaient d’un vert émeraude, elles s’assortissaient parfaitement avec celles de mes confrères.

Mon premier automne fut l’un de mes pires souvenirs : vous m’avez privé de mes frères et de mes sœurs. Vous les avez sauvagement coupés le 20 octobre 1912. Je m’en rappellerais toute ma vie. A partir de ce jour, je me retrouvais seul, la solitude s’installa.

Puis l’hiver passa …

Quand vint le printemps, je connus un autre monde, les paysans passaient, partaient et revenaient. Je me retrouvais entouré de champs. Au début, je ne pensais pas que cela me parlait, mais je découvris de nouvelles sensations et je me réconciliais avec les Hommes. Au cours des saisons, les couleurs changeaient. Elles passaient de vert au jaune puis, en fonction des semences d’autres couleurs telles que l’orange, le rouge, le marron défilèrent sur mes branches.

Les années passèrent et je restais devant tout ce changement : des routes furent construites. A travers les champs on put également voir des villages s’aménager. De nouvelles machines se mirent en fonction, elles passèrent tout au long de ma vie à côté de moi tout en faisant attention à ne pas me toucher, mon feuillage en tremblait.

Je vis et je vois encore de nombreux enfants s’évader à travers les champs. Il y a aussi des animaux qui y viennent pour faire un tas de choses.

C’est pour cela que je vous implore de me laisser en ce lieu unique qui m’offre une vue exceptionnelle.

Le chêne de Charsonville.