Lettre 418 : De Pierre au Pays Loire-Beauce

  • Canton : Beaugency
  • Commune : Lailly en Val

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Cher pays Loire-Beauce,

C’est un début de lettre qui me surprend moi-même, mais puisque je t’écris, autant être aimable d’entrée,
donc,
Cher pays Loire-Beauce,
et ce n’est pas évident de te qualifier de « cher pays », toi qui nous a été imposé, on pourrait dire par décret, une décision administrative, (ou politique peut-être ?), venant de la Région, qui nous disait en gros :
« Nous avons créé le Pays Loire-Beauce, qui va des cantons de Patay à Beaugency, si vous y adhérez vous pourrez prétendre à des subventions qui vous aideront à réaliser vos projets entrant dans ces catégories et respectant les critères suivants… ».
Je te fais grâce de la liste de catégories et des critères, tu les connais mieux que moi, puisqu’ils te sont propres et que moi, la mémoire commence à s’estomper, vu qu’ils datent de quelques années maintenant, du temps où j’étais élu municipal.
Oui, il faut que je te dise, j’ai été élu à Lailly en Val, et c’est la raison pour laquelle j’ai envie de t’écrire aujourd’hui.
Parce que ce Pays Loire-Beauce qu’on nous mettait devant le nez, avec quelques subventions pour nous appâter, il nous paraissait un peu artificiel, à nous, gens de Lailly en Val, aux portes de la Sologne et à qui on disait « vous avez des choses en commun avec les gens de Patay ».
Patay en pleine Beauce, tu vois un peu le problème, pour des quasis solognots ?
Je ne parle pas pour moi qui suis une pièce rapportée, arrivé à Lailly seulement en 1970, et de la banlieue parisienne en plus. Non. Mais au conseil, autour de la table, il y en avait des laillois. Eh oui, c’est comme ça qu’on les appelle. Moi je plaisante parfois, en disant «  des laillyenvaldôtres ».
Ouais je suis d’accord, pas terrible, mais ça m’amuse, et puis c’est pas de moi.
Donc pour revenir à toi, la communauté d’esprit, d’intérêts, de paysages, de projets dans cette fameuse entité, ça ne nous paraissait pas évident.
Mais tu sais ce que c’est. Quand on te met sur la table un paquet de sous, ou même une promesse de sous, il y a peu de gens qui résistent. Et des sous, les élus sont toujours à courir après.
Bon, évidemment cet argent là n’était pas destiné aux projets nous paraissant essentiels.
Les fameuses catégories et les fameux critères, tu vois.
Mais en grattant un peu, on arriverai bien à se mettre sur les rangs.
Nous avons donc adhéré au Pays Loire-Beauce.
Nous avons désigné parmi nous, un délégué, qui assisterait aux réunions et nous ferait un compte-rendu à son retour.
Il en a fait des kilomètres, Guy, sur des routes qui ne le convainquaient pas toujours de ces fameux liens entre Beauce et Sologne, si tu vois ce que je veux dire.
On a réfléchi aux projets et on en a trouvés quelques uns.
Te les citer tous, je n’y arriverai pas, la mémoire toujours.
Il y en a un qui me revient parce que, aujourd’hui, où l’on parle d’économiser l’énergie, éclairer le clocher de l’église, ça ne serait peut-être plus d’actualité. Tu me diras, on peut toujours basculer le contacteur pour éteindre.
Un autre, qui a franchement du succès, c’est l’aménagement de l’aire d’accueil des camping-cars, auprès de l’étang communal. C’est vrai que c’est sympa, et ça attire des touristes qui te connaitront mieux, au moins de ce côté-ci de la Loire.
Je ne sais pas si toutes ces réalisations et celles des autres communes du pays t’ont créé, toi, le Pays Loire-Beauce.
Quand on me parle de pays, moi je vois la Nation. Je reconnais que c’est peut-être trop court comme pensée et que le pays a aussi une autre définition.
Mon dictionnaire me dit que le mot vient « du latin PAGENSIS, adjectif dérivé de PAGUS, canton, sous-entendu AGER, le territoire d’un canton ».
Une recherche un peu savante, tu diras peut-être pédante, pour dire qu’après tout, réunir plusieurs cantons pour en faire un Pays n’était pas si mal venu.
La solidarité, la langue, les services publics (j’ai dit un gros mot?), c’est peut-être par toi qu’il faut repasser pour recréer, ou maintenir, ces liens qui existent au sein de la Nation, depuis une certaine révolution (encore un gros mot?), que l’on fête toujours aujourd’hui et qui nous a fait ce que l’on est.
Me voilà bien solennel, ne trouves-tu pas ?
Bah, le sujet m’est sensible et il ne faut pas trop me titiller pour que je démarre.
Je ne t’embête pas plus longtemps avec mes élucubrations.
Un pays, un canton, des cantons, la Nation, ce sont des mots, mais pas que…, d’ailleurs je m’en rends compte, tu commences forcément à exister, puisque je t’écris.

Pierre