Chère carrière,
J’ai coutume d’errer, non loin de toi, dans tes parages. C’est le défilé des camions qui me rappelle ta présence. Ils se pressent, ils se ruent, laissent derrière eux des traînées crayeuses qui marquent le macadam. La poussière qui vole longtemps dans l’air, forme un épais nuage calcaire après leur passage.
Ta pierre est toujours exploitée. Taillée, elle sert à restaurer des monuments, cathédrales ou ponts. On la retrouve aussi dans des demeures de maître ou « de caractère » comme on dit. Réduite en poussière, son granulat est répandu pour aplanir des sols boueux. Une fois teint, il est parfois déversé sur des cours de tennis.
Tu es privilégiée par ton statut qui s’apparente à celui d’un or minéral…
Mais quelqu’un t’a privatisé ! Se voyant léguer ce terrain, il a hérité de ta richesse, de tes précieuses ressources jusqu’alors enfouies, ensevelies, cachées des regards. Il te pille, il te dilapide, il te vend ! A te disperser, il amasse des sommes faramineuses ! C’est en t’appauvrissant qu’il s’enrichit.
Pourtant, je m’interroge sur l’identité de celui à qui tu appartiens, la façon dont il te traite, car tous ces morceaux de la terre bacconnaise que j’aime , la commune de Baccon, n’en est-elle pas la première propriétaire ? Sans doute mériterait-elle qu’on en couvre ses sentiers les moins garnis.
Peux-tu je t’en prie éclairer mon ressenti ?
NR.